vendredi 26 février 2010

Formation & Recherche et développement en Inde



Formation et Recherche et Développement en Inde

L'Inde forme les meilleurs informaticiens au monde. Elle bénéficie par ailleurs d'unités de recherches de niveaux reconnus et jalousés.

Comment fonctionne le système de formation indien ? Où trouvent-ils les resssources qui les placent sur le devant de la scène internationale en termes de recherches et développement ?
Une délégation de la commission des affaires culturelles s'est rendue en Inde du 19 au 27 avril 2008. Dans ce pays extraordinairement diversifié, fruit d'une civilisation et lieu d'exercice d'une démocratie l'une et l'autre anciennes, votre délégation a souhaité faire porter ses investigations sur le champs d'étude suivant : le système d'enseignement supérieur et de recherche.
Ils donnent un éclairages intéressants du visage en mutation de l'Inde moderne : à la fois persuadée que son avenir et la réussite de son « modèle » dépendront de l'irrigation des connaissances au sein de sa population. Dans ce deux secteurs très différents, votre délégation a perçu le profond souhait d'une plus grande ouverture sur l'extérieur, beaucoup par nécessité dans le premier cas, par curiosité et évolution naturelle, quoiqu'encore limitée dans le second.
De Delhi à Bangalore, la délégation a pu visiter plusieurs universités indiennes et les grands Instituts de technologie qui font la renommée de l'Inde et du pôle technologique de Bangalore, qualifié de Silicon Valley indienne.

La délégation a tenté de comprendre, dans les secteurs de compétences qui sont les siens, les clefs de la réussite et du miracle indiens. Il lui apparaît aujourd'hui indispensable de donner un nouvel élan à notre coopération scientifique.

UN SYSTÈME D’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET DE RECHERCHE DE PLUS EN PLUS, QUOIQU’INÉGALEMENT, PERFORMANT LA HAUSSE DU NOMBRE DE DIPLÔMÉS DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR : UNE PRIORITÉ ABSOLUE POUR L’AVENIR DE L’INDE

L’enseignement supérieur a eu un rôle prépondérant dans la construction de l’Inde moderne. II a connu un développement considérable depuis l’indépendance du pays et une croissance exponentielle depuis le début des années 1990.

UN SYSTÈME EN CROISSANCE EXPONENTIELLE

A l’heure actuelle, l’Inde possède l’un des plus importants systèmes d’enseignement supérieur au monde.Le nombre d’étudiants était de 9 954 000 en 2003-2004 et de 10 481 000 en 2004-2005, soit une augmentation de 5,3 %. En 2007, quelque 415 universités et autres établissements d’éducation supérieure (contre 18 en 1947), pour la plupart reconnus par l’État, accueillaient environ 11,6 millions d’étudiants et comptaient 200 000 enseignants.
Une priorité affirmée et incontournable pour l’avenir du pays Avec un taux d’alphabétisation qu n’est encore que de 55 %, la scolarité n’étant obligatoire que depuis peu de temps, l’Inde a fait de l’enseignement une forte priorité. Ce taux varie fortement selon les Etats (de l’ordre de 80 à 90 % dans le Kerala et le Bengal occidental, par exemple), compétents en la matière et dont les politiques éducatives sont très diverses.

En effet, en dépit de la forte augmentation des étudiants, leur nombre reste très faible en proportion de la population, dans la mesure où 50 % de la population indienne a moins de 25 ans.
Or, ce pays en forte croissance économique a besoin d’un plus grand nombre de jeunes diplômés. Les besoins de personnels qualifiés sont importants dans de nombreux secteurs et les attentes de la population se renforcent dans des domaines tels que la gestion de l’énergie, les problèmes liés à l’environnement ou à la situation sanitaire.

Les pouvoirs publics indiens ont clairement conscience de la nécessité pour le pays de disposer d’un système d’enseignement supérieur et de recherche de qualité. Outre cette volonté politique, il convient de souligner que les familles sont elles-mêmes très impliquées dans l’éducation de leurs enfants. Cela pourrait relever d’une certaine philosophie de la vie selon laquelle « savoir, c’est être ».

L’une des difficultés du pays tient à la qualité globalement assez médiocre de l’enseignement secondaire, qui relève de la compétence des Etats.

D’après les informations communiquées à votre délégation par l’université de Delhi, le pays s’est fixé le double défi suivant :
• accueillir d’ici à 3 ans 54 % d’étudiants supplémentaires, soit 500 000, ce qui permettrait de faire passer le taux d’étudiants d’une tranche d’âge de moins de 10 % aujourd’hui à 23 % ;
• et, parallèlement, démocratiser le système grâce à une « politique d’inclusion sociale ».

A cet égard, le Gouvernement indien a proposé récemment un projet de loi instituant la discrimination positive (« affirmative action »). La compatibilité de cette politique avec le caractère très sélectif de l’entrée à l’université – exposé ci-après – devrait être assurée par la mise en oeuvre en quelque sorte de quotas de places réservées à des jeunes issus de castes et tribus défavorisées.

Il faut souligner que l’université Jawaharial Nehru (JNU) de Delhi a développé, depuis déjà longtemps, un programme de discrimination positive, en prenant en compte des critères liés à l’environnement socio-économique des jeunes souhaitant intégrer cet établissement. Il s’agit ainsi de favoriser l’accès de jeunes -notamment de jeunes filles- issus de régions ou de castes défavorisées et de familles disposant de faibles revenus. Grâce à cette politique, plus de 50 % des étudiants de cette université sont issus de milieux défavorisés. Il a été précisé à votre délégation que la qualité de l’enseignement n’en avait pas pâti, des actions de tutorat ayant été mises en place pour aider les jeunes concernés à combler d’éventuels retards. Un parallèle peut d’ailleurs être établi avec les constats réalisés l’an dernier par votre mission d’information sur « la diversité sociale dans la composition des classes préparatoires aux grandes écoles » : passé le défi des deux premières années d’études, le brassage social permet une disparition des différences par la suite.

Répondre à cette ambition suppose de multiplier par 3 le nombre d’établissements et de passer donc de plus de 400 à 1 200 universités ! Certains interlocuteurs ont aussi évoqué la nécessité d’accueillir des universités étrangères.

Dans ces conditions, le financement du système connaît une forte croissance. Il provient du budget de l’Etat central, de ceux des Etats et des familles. Le secteur privé est également sollicité. S’agissant du budget du Gouvernement central consacré à l’enseignement, il est en forte hausse depuis une dizaine années. Le budget global consacré à l’enseignement s’élève à 34 400 crores1 pour l’année 2008-2009, en progression de 35 % par rapport à 1 1 crore = 10 millions de roupies.

En 2007-2008 : La part de ce budget consacrée à l’enseignement supérieur s’élève à 7 600 crores, soit une hausse de 135 % ! Le 11e plan quinquennal prévoit l’attribution de 100 000 bourses. Le Gouvernement central souhaite trouver une partie des ressources nécessaires par le biais d’une taxe d’éducation appliquée aux services.

Le ministre des Sciences et de la Technologie a indiqué à votre délégation que l’Etat indien consacrait 19 % de son budget à l’enseignement scolaire et universitaire, soit 16 milliards d’euros, ce qui représente 6 % du produit intérieur brut. Il a précisé que son pays consacrait pour l’éducation de 1 000 jeunes indiens l’équivalent de la somme allouée par notre pays pour l’éducation de 100 jeunes Français.

Quant aux Etats, ils prennent en charge le financement des études techniques, mais leurs capacités budgétaires sont très inégales.

Précisons que les frais de scolarité sont très faibles : de l’ordre de 20 roupies par mois.
Le secteur privé est sollicité, notamment par le biais de contrats de recherche et développement.
Enfin, la coopération internationale est aussi une source de financement. Elle se traduit soit par des accords formalisés entre directions d’établissements, soit au travers de crédits de recherche obtenus par le biais des démarches individuelles des chercheurs. En outre, les frais de scolarité des étudiants étrangers sont plus élevés, notamment s’ils viennent hors partenariats entre établissements.

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UNE PORTE D’ACCÈS TRÈS DIFFICILE VERS DES UNIVERSITÉS ORGANISÉES DE FAÇON HIÉRACHISÉE UN SYSTÈME D’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR CENTRALISÉ ET TRÈS HIÉRARCHISÉ

Les établissements d’enseignement supérieur sont sous la responsabilité du ministère pour le développement des ressources humaines (MHRD), qui a également en charge l’enseignement primaire et secondaire.

Le système académique indien s’est construit d’une façon très centralisée. Le ministère fixe la politique générale relative à l’enseignement supérieur en Inde et la création des universités centrales ressort de sa responsabilité.

Les universités sont sous la tutelle de l’« University Grant Commission » (UGC), conseil nommé par le Gouvernement, qui attribue les crédits de l’État pour les universités et pour les bourses ; il oriente leur politique en matière d’enseignement et de recherche. L’UGC est chargé de la coordination, de la définition et de la maintenance des standards et des programmes de financement.

Les Gouvernements des États sont chargés de la création des universités d’État et des collèges.
La coordination et la coopération entre le Gouvernement central et les États sont placées sous la responsabilité du « Central Advisory Board of Education » (CABE).

Plusieurs types d’universités ou autres organismes de formation et de recherche existent en Inde :

• les 24 universités « centrales » : elles dépendent presque exclusivement de l’UGC pour leur financement. Elles proposent essentiellement des enseignements de deuxième et troisième cycles. On en compte 24 actuellement (par exemple, l’université de Delhi et la Jawaherlal Nehru University de Delhi – que votre délégation a visitées toutes les deux – ou la Bénarès Hindu University). Le chancelier, poste honorifique généralement occupé par le gouverneur de l’État, ainsi que le vice-chancelier, homologue du président d’université français ayant la responsabilité exécutive, sont nommés par le Président de la République ;

• les 230 universités régionales sous tutelle des Etats de l’Union indienne, telles les universités de Pune ou de Bangalore ;

• les écoles d’ingénieurs et instituts scientifiques : en raison du choix stratégique qui a consisté, dès le départ, à doter l’Inde d’une capacité technologique lui permettant d’assurer son indépendance vis-à-vis des pays occidentaux (technologie nucléaire et spatiale notamment), des écoles d’ingénieurs et de chercheurs de haut niveau ont été créées. Outre le Tata Institute of Fundamental Research à Bombay, on citera : . les 7 « Indian Institutes of Technology » (IIT), à Bombay, Delhi, Madras, Kanpur, Kharagpur, Guwahati et Roorkee. Ces instituts -équivalents à notre école Polytechnique- dispensent, avec certains instituts de recherche, les meilleures formations pour la recherche (« postgraduate studies ») dans les domaines scientifiques et techniques. Ils sont supervisés par un conseil présidé par le ministre de l’éducation indien. Ce sont ces instituts de prestige qui ont formé les premières générations de scientifiques et d’ingénieurs indiens, dont une partie se sont ensuite expatriés, pour l’essentiel aux USA où ils ont activement participé au développement de la Silicon Valley. Un concours national très difficile permet d’accéder dans un IIT. Les étudiants non sélectionnés peuvent se tourner vers une deuxième catégorie d’institut ; . il s’agit des 20 « National Institute of Technololy » (NIT). L’entrée se fait également par un concours national ; . un phénomène identique s’est produit dans le domaine de la gestion et du commerce, avec la création de 6 « Indian Institutes of Management » (IIM), à Ahmedabad, Bangalore, Calcutta, Lucknow, Indore (le plus récent) et Kozhikode. L’IIM d’Ahmedabad a acquis une renommée internationale. Le Gouvernement indien a annoncé la création de trois nouveaux IIT et de deux nouveaux IIM ;

• les 131 universités assimilées ou « deemed universities » : ce sont des institutions d’enseignement spécialisé, initialement privées, reconnues par le Gouvernement indien mais qui disposent d’une grande autonomie à la fois académique et financière. Leurs diplômes sont reconnus par l’UGC. Parmi les plus importantes, on trouve l’Indian Institute of Science de Bangalore (IISc), créé au début du siècle par le célèbre industriel mécène Tata, l’Anna University à Madras ou le Deccan College de Pune ;

• les « open universities » : l’Inde s’est très tôt intéressée à l’enseignement à distance du fait de sa taille et de l’importance de sa population rurale. Les « open universities » ont un statut d’université mais elles n’ont pas de campus. Elles fonctionnent exclusivement, à distance à la manière du CNED. Au niveau national, il existe une « open university » qui couvre l’ensemble du territoire indien, l’Indira Ghandi National Open University (IGNOU), qui dispense des cours à 1 million d’étudiants en utilisant tous les médias disponibles (radio, télévision, internet...). Dans ce cadre, les enseignants doivent consacrer du temps pour répondre aux questions des étudiants concernés (2 heures par jour pour ce qui concerne l’université de Delhi, par exemple) ;

• il faut également ajouter à cette liste 18 autres instituts reconnus « d’importance nationale » (5 institutions « under state legislation act » et 13 autres instituts) et 12 universités privées.
En dehors de ces établissements reconnus par les autorités indiennes, on assiste depuis une dizaine d’années à une floraison d’institutions privées, généralement associées à un nom de mécène indien (Birla, Ansal...), surtout dans les domaines du commerce, de la gestion et des technologies de l’information et de la communication. Certaines sont de grande qualité, tel par exemple le « Birla Institute of Technology » à Ranchi.
Dans le domaine scientifique et technique, les meilleures formations pour la recherche (postgraduate studies) sont dispensées dans les IIT et dans les instituts de recherche tels que le TIFR à Bombay et I’Hsc à Bangalore.

Certaines universités, dans certains domaines, sont également compétitives (par exemple la Jawaharlal Nehru University en sciences sociales et en sciences de l’environnement).
Enfin, de nombreux « colleges » dispensent un enseignement de premier cycle universitaire (donc au niveau de la licence).

Le système des diplômes universitaires indiens correspond au nouveau système LMD (licence-master-doctorat) mis en place récemment en France. Relevons néanmoins que la durée d’obtention du doctorat est plus longue qu’en France (en moyenne 5 ans, contre 3), pour deux raisons principales :

• les étudiants doivent généralement travailler dans le même temps pour subvenir à leurs besoins ;

• ils prennent une part essentielle dans la recherche effectuée dans les laboratoires universitaires, compte tenu du nombre très réduit de techniciens ; les chercheurs ont donc besoin d’eux pour conduire leurs travaux.

Les enseignants-chercheurs sont recrutés sur appels d’offres, dans le cadre d’un processus interne à l’établissement. Il est intéressant de souligner que 50 % des postes sont réservés aux diplômés issus des classes défavorisées.

Compte tenu des objectifs fixés pour développer le réseau et le nombre d’étudiants, le pays se trouve néanmoins confronté à un problème majeur de recrutement.

UN ACCÈS TRÈS SÉLECTIF AUX MEILLEURS ÉTABLISSEMENTS D’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

Seulement environ 9 % des jeunes âgés de 17 à 24 ans sont étudiants. Relevons aussi que sur 100 étudiants inscrits à l’université, 63 abandonnent leurs études. Enfin, les filles représentent un peu plus de 40 % des étudiants.

Les étudiants qui poursuivent des études supérieures sont donc peu nombreux et de très bon niveau. Ils doivent être titulaires de l’équivalent de notre baccalauréat. Celui-ci comprend deux parties : un examen passé après 10 ans d’école, un autre à l’issue de 12 années de scolarité.
D’après les informations fournies à votre délégation par les représentants de l’Association des universités indiennes (l’équivalent de notre Conférence des présidents d’université), si l’entrée dans les universités se fait sans concours d’entrée, il faut cependant avoir obtenu une note minimale au baccalauréat pour y accéder. La note minimale requise augmente avec le niveau de l’université ; elle dépend aussi du nombre de candidats ; certaines universités prévoient également un entretien avec les futurs étudiants. La sélection s’exerce donc davantage par niveau que par concours.

Les étudiants retenus ont en général une note supérieure à 85 % au X+2 (équivalent du baccalauréat français), ce qui correspond à une note de plus de 17 sur 20 au baccalauréat. L’université de Delhi a avancé une note de 18 sur 20, permettant à 700 bacheliers sur 130 000 candidats d’entrer en première année.

On parle d’ailleurs davantage d’élimination que de sélection, ceci dès le plus jeune âge.
Quant à l’accès dans les instituts de prestige, comme les IITS ou IIMs, il requiert la réussite à un concours extrêmement sélectif. A titre d’exemple, sur les 300 000 étudiants qui se sont présentés en 2007 au concours national d’entrée en IIT, le Joint Engineering Examination (JEE), seulement un peu plus de 4 000 ont été sélectionnés, soit 1,3 %.

Cette sélectivité joue pour l’accès aux différents cycles d’études.

Ainsi, l’ITT de Delhi a précisé qu’un étudiant ayant obtenu sa licence dans cet établissement ne devait pas passer de concours pour entrer en master, contrairement aux étudiants venant d’autres établissements, mais qu’il devait avoir une note de 8 sur 10. La concurrence pour l’entrée en master s’avère cependant moins rude.

Ceci explique que les diplômes de ces établissements indiens soient reconnus mondialement et que leurs étudiants d’élite soient très recherchés non seulement par les entreprises américaines, mais également par des pays comme l’Australie ou l’Allemagne.

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UNE RECHERCHE SOUVENT D’EXCELLENCE MONDIALE MAIS DE NIVEAU INÉGAL
DES SOURCES DE FINANCEMENT DIVERSES

La hiérarchisation des établissements d’enseignement supérieur, où se déroule une part importante de la recherche indienne, explique le niveau inégal de cette dernière : de l’excellence mondiale à un niveau plus modeste de développement.

Votre délégation a consacré 3 journées de travail à Delhi. Outre l’université de Delhi, elle a visité l’IIT. Premier institut de technologie, créé en 1950 par décision du Parlement, il a été présenté -avec les autres IIT- par son doyen comme l’un des « temples de la technologie en Inde. » Les objectifs de ces instituts sont, pour lui, triples : améliorer la recherche, être des centres de ressources pour l’industrie et être source de fierté pour le pays.

Le budget de cet institut est de 12 milliards de dollars, en hausse de 25 à 30 % par an, dont les deux tiers proviennent des agences du Gouvernement et le tiers restant de consultations et contrats avec l’industrie.

Mais il convient de rappeler que, capitale commerciale et financière du pays, Bombay est aussi le centre de l’Etat du Maharashtra, qui est le coeur économique de l’Inde. Cet Etat connaît un taux de croissance moyen de 9,8 % depuis 5 ans et les services y représentent 60 % de l’activité. Le taux d’alphabétisation de sa population y atteint 77 % et il compte plus de 1 400 centres et instituts de formation d’ingénieurs.

Avec l’Etat de Karnataka, avec notamment Bangalore, à laquelle votre délégation a consacré 2 jours ; le Maharashtra partage le premier rang de développeur de logiciels en Inde (soit environ le tiers de l’activité de cet Etat).

Soulignons que les universités et autres établissements d’enseignement supérieur et de recherche fixent librement leur programme de recherche. Cependant, d’après les explications fournies à votre délégation par l’IISc de Bangalore, les subventions récurrentes du Gouvernement ne financent pas automatiquement les projets spécifiques de recherche. L’Etat encourage ainsi certains domaines de recherche, tels que les nanotechnologies.
C’est pourquoi, et ainsi qu’il a été exposé précédemment, ils recherchent d’autres sources de financement que celles provenant de l’Etat, au travers à la fois des trusts créés par les industriels et de la coopération avec des universités étrangères. Il faut souligner que la signature par l’Inde, en 2005, de l’accord sur la propriété intellectuelle facilite les relations et l’exploitation des brevets.

Le préciput (« overhead ») revenant à l’établissement est, par exemple pour l’IIS de Bangalore,
de 15 % pour ce qui concerne les projets que l’Etat accepte de financer et de 30 % en cas de contrat passé avec le secteur privé.

L’INDE, UN NOUVEAU PÔLE MONDIAL DE LA R&D ?

Selon des chiffres cités par le magazine « India Today », 525 000 ingénieurs, 250 000 docteurs, 1,7 million de diplômés en matière scientifique et 1,5 million d’anglophones, diplômés en commerce et management, sortent chaque année des universités ou grandes écoles indiennes.
Pour un certain nombre d’observateurs, l’Inde deviendrait la capitale mondiale de l’externalisation des activités de R&D.

Ouvert à la mondialisation, le pays parie beaucoup sur les niches technologiques. Il se positionne progressivement sur les créneaux dynamiques de la demande mondiale dans certains secteurs nouveaux, à forte intensité en capital humain (l’informatique, l’industrie pharmaceutique, bio et nano-technlogies), tout en évitant une concurrence frontale avec la Chine dans les industries de main d’oeuvre. Les services qui ont tiré la croissance indienne des années 1990, constituent actuellement la moitié du PIB du pays.

Pour d’autres interlocuteurs, il ne serait pas facile cependant de déterminer si le nombre impressionnant de brevets (la filiale indienne de Intel en a déposé 63 en 2003, par exemple) correspond réellement à un niveau d’innovation élevé, les Indiens cherchant à minimiser les succès remportés par la R&D dans leur pays, afin de ne pas effrayer les pays occidentaux.
Ainsi, un récent article de la revue « Problèmes économiques » soulignait que : « Les sociétés informatiques indiennes, conscientes de la crainte que suscite dans les pays industrialisés la délocalisation en Inde d’un nombre croissant d’emplois techniques de haut niveau, soulignent qu’aussi importante que soit leur contribution, le travail de pointe et l’innovation continuent d’être réalisés dans les laboratoires de leurs clients. »1.

M. Pavan K. Varma2 estime que les diplômés indiens ont des bases solides dans leurs spécialités et qu’ils brillent plus souvent par leur talent d’imitation que de réelle innovation. Il relève que leur génie s’exprime en revanche plus librement à l’étranger, loin de leur culture traditionnelle. Car, dans ce pays de contrastes, le sens de la hiérarchie et de l’ordre établi est fort ; les bidonvilles et les tas d’ordures sont proches du superbe campus de Bangalore, la « Silicon Valley » de l’Inde ; et les ingénieurs en logiciels, à la pointe de la technologie, n’envisageraient pas de se marier hors de leur caste…

Par ailleurs, à l’occasion de certaines visites, votre délégation a pu percevoir, que le manque de techniciens et de cadres administratifs nuisait à l’efficacité de la recherche indienne. La lourdeur de l’administration a également été dénoncée comme un frein.

Le pays semble aussi confronté, non à un manque d’étudiants en sciences, comme en France, mais parfois à leur insuffisante préparation pour poursuivre une carrière de chercheur.
Néanmoins et en tout état de cause, l’Inde bénéficie de chercheurs de très haut niveau et elle souhaite promouvoir l’innovation.

Ainsi par exemple, les représentants de l’IIT de Delhi ont exposé à votre délégation que cet institut mettait à la disposition des étudiantschercheurs un espace et des moyens pendant 2 ans afin qu’ils puissent valoriser leurs projets de recherche.

Par ailleurs, un programme de promotion de l’innovation vient d’être lancé : le « Technopreneur Promotion Program » (TePP). Il s’adresse essentiellement à des particuliers ou à des très petites entreprises (de moins de 1 million de roupies -soit 15.700 euros- de chiffre d’affaires). Le financement peut avoir lieu à deux étapes différentes du développement d’un produit :

• la première phase du programme consiste à financer les coûts de développement d’un prototype de l’innovation en question. Cette partie du programme ne prend pas en compte les aspects relatifs à la propriété intellectuelle ;

• la deuxième phase du programme consiste à financer le début de la mise en place de la commercialisation de cette innovation.

Extraits du rapport « L'Inde aux deux visages : de Bollywood à la cyber-université » rédigé par la Commission des affaires culturelles pour le Sénat– Avril 2008

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